Inquiétude chez certains clubs : une neige beaucoup trop hâtive
26 novembre 2025
Elles sont arrivées beaucoup trop tôt et ont pris tout le monde par surprise. Les premières neiges de 2025, nombreuses et persistantes, amènent les gens de l’industrie du golf, à commencer par les surintendants, à se poser des questions sur ce à quoi il faut s’attendre le printemps prochain quand viendra le temps d’ouvrir les allées et les greens.
«Il y a effectivement beaucoup de questionnements à ce sujet», confirme Jean-François Marinier, surintendant au club Ki-8-Eb à Trois-Rivières et vice-président de l’Association des Surintendants de Golf du Québec (ASGQ).
«Plusieurs surintendants, ajoute-t-il, ont été déjoués car à certains endroits, au Québec, la neige est tombée quasiment un mois à l’avance pendant que dans d’autres secteurs, elle est arrivée quelques semaines à l’avance. Donc plusieurs n’ont pas eu le temps de bien préparer le terrain pour l’hivernage.»
Parmi ces mesures, il y a la pause des toiles sur les verts et l’épandage de fongicides pour éviter la prolifération de maladies s’attaquant au gazon lorsque vient le printemps.
«Je n’ai pas eu le temps de mettre mes toiles sur les verts, précise Jordan Favreau du club la Vallée des Forts à St-Jean-sur-Richelieu. Il a donc fallu les déneiger pour ensuite les étendre. Pour mes produits comme les fongicides, j’avais eu le temps pour le faire sur les greens mais pas sur les entrées aux verts et les tertres de départ. Néanmoins, je ne crains pas avoir trop de difficulté de ce côté-là le printemps prochain.»
Alors que des analyses environnementales citées par différents ministères et ayant fait l’objet, ces dernières années, d’articles dans la presse annonçant des premières neiges de plus en plus tardives, l’année 2025 fait grandement exception. Il y a d’abord eu, dès le 10 novembre, un 5 centimètres que l’on croyait voir disparaître dès les jours suivants avec du redoux mais, non, ce ne fut pas le cas.
Et puis est arrivé un 25 centimètres qui a fait en sorte que l’hiver s’est bien installé alors que plusieurs clubs ne l’attendaient pas de sitôt.
Les surintendants interrogés à ce sujet conviennent que cette arrivée subite et aussi précoce de neige est exceptionnelle, disant tous n’avoir jamais vu cela auparavant. Certains ne cachent pas être découragés car ils craignent le pire pour leur terrain le printemps prochain.
Ils sont donc nombreux à souhaiter une dernière période de redoux avant que l’hiver domine totalement. Les préparatifs d’hivernage pourront donc se faire, ce qui en rassurera plusieurs.
«J’ai eu la chance de mettre mes fongicides le jeudi puis mes toiles le vendredi. Dès le samedi, toutefois, il s’est mis à neiger et ça tombait beaucoup. On a eu un pied de neige!», mentionne Michael Gauthier du club Les Dunes à Sorel-Tracy.
Ce dernier explique que si les fongicides ne sont pas épandus, la maladie, comme celle appelée maladie des neiges qui se transforme en moisissure grise et rose, peut vite se manifester et faire des dégâts majeurs.
«J’ai des collègues qui m’ont dit voir déjà des traces de cette maladie apparaître chez eux, souligne M. Gauthier. Il faut aussi dire qu’en temps normal, on retarde l’épandage du fongicide le plus tard possible pour que leur effet dure plus longtemps. Car plus c’est fait tôt, plus courte sera leur efficacité. Ce que l’on ne souhaite pas du tout.»
Michael Gauthier estime qu’à l’avenir, il faudra probablement repenser certaines pratiques dont celle permettant aux membres des clubs de golf d’étirer le plus longtemps possible la saison de golf à l’automne. Le but visé est celui de ne pas être pris de court pour l’épandage des produits et l’installation des toiles.
L’utilisation des toiles permet, entre autres, de réduire les risques de formation d’une couche de glace. Et tout le monde sait que la glace, c’est le pire ennemi. Elle brûle le gazon et, de ce fait, elle retarde la pousse au printemps.
Donc comment sortiront les terrains de golf le printemps prochain? Une bonne question puisque d’ici là, il peut survenir bien des choses.
«Les gens doivent comprendre, conclut Jean-François Marinier, que la situation actuelle que nous vivons ne découle pas d’un manque de compétences, loin de là. Cette neige précoce est quelque chose de très inhabituel.»
– Par Martial Lapointe