Relève de la main-d’œuvre: l’exemple du club Lac St-Joseph

16 mai 2025

Par Martial Lapointe

«Ce que je trouve bien avec la façon dont les choses se passent, c’est qu’il ne s’agit pas de juste donner le trousseau de clefs et que le suivant s’organise ensuite avec tout cela. Non, Jean-Philippe (Cloutier) va m’accompagner au cours des prochaines années et quand je quitterai, il aura tous les outils, les connaissances et l’expérience pour assurer la relève.»

Claude Frenette est surintendant au club de golf Lac St-Joseph en banlieue de Québec. Un surintendant, d’ailleurs, bien reconnu et dont la qualité de travail a déjà été soulignée à quelques reprises par ses pairs. Mais voilà, le temps file, les signes de se retirer pour jouir d’une retraite méritée apparaissent peu à peu.

Sauf que pas question de quitter sans préparer une relève, ce qu’il a la possibilité de faire avec l’embauche de Jean-Philippe Cloutier, un passionné qui vient de réorienter sa carrière. Auparavant directeur général du club Trois Saumons à St-Jean-Port-Joli, à 48 ans Jean-Philippe Cloutier succèdera prochainement à Claude Frenette.

La situation actuelle dans l’industrie du golf concernant le recrutement de la main-d’œuvre est source de grandes préoccupations. Et s’il y a un domaine capital dans cette industrie, c’est bien celui touchant l’entretien du terrain car, bien sûr, tout se passe à ce niveau. Le golf se joue sur un parcours et ce parcours se doit d’être en excellente condition.

Les clubs de golf québécois, chacun à leur manière, composent avec cette réalité de trouver et de garder une main-d’œuvre de qualité. Cette initiative du club Lac Saint-Joseph de préparer une relève, de prendre le temps de bien la former, mérite d’être soulignée.

«L’idée derrière cette démarche de former graduellement celui qui prendra la relève de notre surintendant, explique le directeur général du club, Dany Poulin, c’est d’effectuer une transition graduelle. Pas question de nous retrouver du jour au lendemain à chercher un successeur à Claude (Frenette) quand il partira à la retraite. Jean-Philippe (Cloutier) est peut-être peu connu, pour le moment, mais tous ceux qui le croisent sont unanimes, c’est une bonne personne, efficace et travaillant comme il l’a d’ailleurs démontré quand il a pris les commandes du club Trois-Saumons.»

Ainsi donc, à 61 ans, Claude Frenette se dirige lentement vers la retraite. Il apprécie qu’il n’y ait pas de coupure franche, que tout se passe en douceur, se disant même privilégié de pouvoir envisager un départ en sachant que la relève pourra dès lors prendre le relais.

«Cela démontre que l’équipe de propriétaires du club en est une qui sait bien gérer son entreprise, dit-il. Chacun des propriétaires associés a déjà sa propre entreprise et est conscient de l’importance de bien déléguer et de faire confiance.»

Soixante-et-un ans, ce n’est pas vieux, loin de là, mais tout de même, on n’est plus un jeunot. Puis surviennent des événements qui portent à réfléchir: un accident de travail banal qui a failli mal, très mal tourné, ou encore une conjointe qui doit lutter contre un intrus appelé cancer… Bref, des signaux sont apparus et qui ont fait en sorte que dans 3 ans, Claude Frenette passera le flambeau à Jean-Philippe Cloutier.

Un fait que plusieurs adeptes du golf ignorent peut-être mais qui demeure une réalité presque absolue, s’avère que la majorité des surintendants de golf, au Québec, sont d’excellents golfeurs. Presque tous ont grandi sur des terrains de golf, ayant un parcours de vie quasi similaire aux pros, à savoir des premiers emplois d’été à un club de golf pour y attraper la piqûre et souhaiter par la suite y faire carrière. De vrais passionnés qui ont le golf tatoué sur le cœur. Claude Frenette est de ceux-là, tout comme Jean-Philippe Cloutier qui lui succédera dans trois ans.

«Tout jeune, raconte ce dernier, j’ai vite réalisé que j’adorais me retrouver sur un terrain de golf. J’ai touché à presque tout, concernant les opérations de golf, jusqu’à ce que je me retrouve directeur au Trois-Saumons. À tout, sauf l’aspect surintendant. Néanmoins, quand j’étais directeur à St-Jean-Port-Joli, je me suis vraiment intéressé au travail de l’équipe de terrain. C’est là que j’ai songé faire le saut dans ce domaine.

«Et voilà, ajoute-t-il emballé, que je vais apprendre ce métier en côtoyant une légende du milieu. C’est très motivant!» Jean-Philippe Cloutier conclut en affirmant que l’avenir d’un club de golf passe toujours par la qualité de son terrain. «Les gens, précise-t-il, n’ont pas idée de l’importance du travail à accomplir pour que les conditions de jeu soient bonnes. C’est un défi continuel avec tous les imprévus, comme une météo changeante, qui peuvent survenir.»

Martial Lapointe est journaliste depuis plus de 35 ans. Vous pouvez le joindre par courriel: martial@golf-ml.com. Ou par téléphone: 581-982-7348.